Hystérique.

Ce mot aurait dû disparaitre dans les profondeurs de l’histoire, mais il fait de la résistance.

Fin 19ème siècle. Dans le roman de Victoria Mas qui a été adapté au cinéma et dont je me permets de reprendre le titre pour cet article, on enferme les femmes à la Salpêtrière en psychiatrie sous l’égide du grand professeur Charcot 

A l’hôpital, des femmes neurasthéniques, mélancoliques, maniaques, nymphomanes, folles, hystériques.

Autrement dit, des femmes souffrant de dépression, de troubles alimentaires, de stress post-traumatique, de dissociation, et j’en passe. 

A l’époque, on croit leurs maux (qu’on n’arrive pas vraiment à expliquer), liés à leur genre, leur sexe faible, et parfois même leur utérus -qu’il arrive que par grande bonté médicale, on leur enlève. 

Et chaque année, la haute société parisienne vient se mêler à elles pour un grand bal costumé : le bal des folles. 

Mais ce qu’on découvre dans le roman, ce sont les raisons de cette apparente folie. Maltraitance, violence sexuelle, mise au ban de la société, isolement.

Des folles non. Des victimes, certainement. Des victimes qui ne savent même pas elles-même que leurs symptômes ont une véritable cause, extérieure à elles et non pas atavique, et dont elles ne sont pas responsables. Des victimes sous l’emprise d’une société patriarcale, qui les rejette, les infantilise, et les tourmente. Un genre de double peine. 

Ce dont souffrent ces femmes du 19ème siècle, les victimes d’aujourd’hui (de violences physiques, psychologiques et sexuelles), en souffrent toujours. 

On a mis d’autres noms. On a commencé à comprendre, même si on n’a pas vraiment réussi à empêcher. 

Souvent, c’est difficile de faire le lien entre vécu et symptômes. C’est plus facile de se croire folle. Anormale. Pénible. Difficile. 

Qu’est-ce qu’elle a encore ? Elle est quand même chiante !

Pourtant, ces symptômes sont des réactions normales à une situation qui était elle, anormale. Et pas l’inverse ! 

Ces symptômes sont en réalité un stratagème de survie. 

La dissociation pour préserver une part de soi. 

Le stress post-traumatique pour ne pas retomber dans le même danger. 

L’anorexie pour tenter de reprendre le contrôle sur son corps. 

Les addictions pour anesthésier la souffrance. 

Tout pour ne pas sombrer, même si c’est de travers. C’est ton cerveau qui fait son taff même s’il est traumatisé. C’est ton esprit qui essaie de s’en sortir, et qui frappe aux mauvaises portes. 

Folle non. La vraie folie, c’est celle de ceux se plaignent des conséquences alors qu’ils en chérissent les causes (cher Bossuet). Ceux qui nous traitent encore d’hystériques alors qu’ils n’ont pas été capable de retenir leur main. 

Si vous voulez relire les précédents articles, c’est ici :
Les Femmes Fortes
Enfant intérieure

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