Aujourd’hui, j’aimerais quand même qu’on aborde une question cruciale dans la compréhension de cette crise… POURQUOI les gens ont-ils fait des stocks de PQ au point de vider les rayons de grandes surfaces, parfois dans des scènes d’une violence digne de Game of Thrones ? Comptaient-ils en faire des masques, inquiets à cause de la pénurie ? Du papier peint ? Un abri anti-atomique en papier mâché ? Du troc avec ceux, malchanceux, qui seraient littéralement au bout du rouleau (désolée, il fallait que je la fasse) ? 

Idem pour les pâtes – une pensée pour les mômes qui ne vont manger que ça pendant les semaines que va durer le confinement. Heureusement qu’elle sont modelées dans différentes formes, à défaut de diversité gustative, au moins cela fera un peut de variété pour l’oeil – et l’occasion pour les parents d’enfants de maternelle de réviser avec leurs petits bouts les formes et l’alphabet. Loin de moi d’ailleurs l’envie de critiquer les familles qui auront régulièrement des pâtes au menu, car elles représentent l’avantage de ne pas être chères et d’être nourrissantes, et ce sont deux qualités bien appréciables surtout par les temps qui courent. Donc j’arrête les vannes dessus, en fait. 

Même si les grandes enseignes ont l’air d’être en mesure d’approvisionner les magasins, la peur de manquer est quand même là. Je me surprends à penser, alors que j’ouvre le frigo pour ré-évaluer nos stocks de provisions, des trucs bien dramatiques du style « combien de temps pourrons-nous encore tenir ? », comme si j’étais perdue dans la jungle avec un sac à dos de vivres sur le point d’être épuisés (alors que j’habite en ville à une minute à pied de 5 magasins de bouffe). Est-ce que ça vient de nos grands-parents qui eux, ont vécu la guerre, et nous obligeaient à nous resservir cinq fois à table, les yeux débordant d’émotion à l’idée que nous, contrairement à eux, ne manquerions de rien ? Du savoir qu’à nos portes (et même dans notre pays), des gens moins chanceux manquaient déjà, et ce bien avant cette crise ? 

Finalement, la période déroutante que nous vivons tous nous fait peut-être ressentir à quel point le sort peut vite tourner, les certitudes s’écrouler, le quotidien si sécurisant changer. Il met en exergue les fragilités de notre société de consommation qui se pensait sur-puissante et affranchie, et se révèle être assujettie à la nature qu’elle malmène tant – par le biais d’un virus minuscule et invisible, dont la présence devient palpable à chaque respiration que nous prenons pendant les rares sorties qui nous sont accordées. Que se passera-t-il demain, si nous devons faire face à d’autres menaces, celles que les scientifiques nous annoncent depuis des années et pour lesquelles nous avons tant de réticence à prendre les mesures qui s’imposent ? Est-ce que nous allons enfin tirer des enseignements de nos erreurs ? 

La bonne nouvelle, c’est que si on doit faire face à de nouvelles crises à l’avenir, il y a des gens qui auront des stocks de papier hygiénique et de coquillettes à revendre. Et l’arrivée de la prochaine catastrophe pourrait bien se faire avant leur date de péremption. 

A demain, pour la suite !

Chroniques d’une famille en temps de Corona Virus