Chroniques d’une famille en temps de Corona Virus – the beginning
Hier soir, une fois n’est pas coutume, nous nous sommes mis en famille devant le journal de 20h (on évite le 20h avec les enfants d’habitude, car c’est plus anxiogène que les films de Night Shamalayan, ceux des années 90).
Notre président de la République devait faire son allocution, et l’heure étant grave (plus grave que la guerre en Syrie, que le réchauffement climatique, le sida et le chômage réunis), nous avons anxieusement attendu qu’il prenne la parole.
Quand il est enfin apparu sur l’écran, il a commencé, la mine défaite mais résignée, à nous demander d’être forts, à nous dire que nous étions une grande nation, que nous devions être unis (si par le temps qui courent, un virus refilé à l’humanité par un pangolin chinois fièvreux parvient à faire de la France une nation unie, moi je dis, chapeau)…
On s’est dit direct qu’on allait prendre cher, qu’il empruntait plein de détours pour nous annoncer un truc qui n’allait vraiment pas passer (on a pensé très fort aux sacrifices des générations passées qui ont donné leur vie et crevé de faim pendant les guerres qu’ils ont prises sur la tronche, et qui sont ironiquement actuellement ceux qui sont à l’isolement dans les maisons de retraite, quand ils sont encore vivants).
Et dans nos têtes de parents, le pire a commencé à se dessiner…
Pas le pire Krach boursier de notre Histoire, non.
Pas la perspective que nos parents ou grands-parents puissent mourir d’un virus invisible, abandonnés en pleine détresse respiratoire sur un brancard entassé dans un service d’urgence complètement dépassé par le pic de l’épidémie, non plus.
Ni même la probabilité qu’on puisse finir confinés chez nous alors même qu’on n’a pas fait assez de provisions de PQ pour tenir plus de 4 jours, et qu’on devra se nourrir avec 10 boites de lentilles en conserve et des patates bio déjà germées.
Non.
En toute honnêteté, la première pensée qui a émergé dans notre cerveau a été : « Et si jamais, ils nous ferment les écoles, bordel de merde ? » (comme quoi, la vie, c’est une question de priorité).
On a commencé anxieusement à se regarder du coin de l’oeil. Et là, M. Macron, qui nous avait, avec finesse, super bien préparés, a confirmé nos craintes les plus profondes : LES ECOLES SERONT FERMEES A PARTIR DE LUNDI PROCHAIN.
Bam. K.O. Nous qui nous foutions bien de la gueule de ce virus (mais non, c’est pas pire qu’une grippe, quelle psychose inutile !), il vient de nous attaquer au coeur de notre vie quotidienne.
La seule bonne nouvelle, c’est qu’en même temps, on se rend compte que la fin de La Guerre des Mondes (une puissance destructrice de la planète mise à bas en quelques jours par un microscopique virus) n’est en fait pas si déconnante que ça – notre société capitaliste pourrait bien entrer aussi en détresse respiratoire (ce qui m’inquiète en fait, c’est que ce sont encore les petites entreprises et les plus fragiles économiquement qui vont morfler).
Bref, si on survit à l’enfermement avec notre progéniture, si on arrive malgré tout à faire du télétravail à la maison en gérant nos enfants en même temps (permettez-moi de rire nerveusement), on pourra au moins en tirer des conclusions quand à notre avenir commun. Quand il le faut, il semble que nous soyons capables de prendre des mesures drastiques, même quand elles ne sont pas dans notre intérêt individuel. Ça pourra nous servir plus tard.
Allez, je retrouve profiter de cette dernière journée de liberté avant la semaine prochaine ! Et comme il ya des gens qui travaillent dans les hôpitaux dans ma famille, je dis au passage un grand merci aux gens qui sont en première ligne. May the Force be with you !