C’est la phrase que vous avez entendue cent mille fois avant de devenir parents, au cours de la grossesse, au point provoquer en vous l’exaspération la plus incontrôlable… « Vous allez voir, les enfants… ça change la vie ! »

Selon les interlocuteurs, elle était délivrée soit avec un petit sourire en coin (à la pensée que votre innocence de futur parent allait bientôt être mise à l’épreuve du principe de réalité), soit avec un soupir à la fois résigné et fatigué (celui de jeunes parents encore sous le choc de l’arrivée dans leur vie d’un ouragan en couches culottes).

Mais vous vous contentiez de hausser les épaules parce que (1) votre mère vous répétait aussi les mêmes phrases en boucle et que vous aviez fini par apprendre à les ignorer et que (2) à ce stade, ce type de conseil ne vous était d’aucune utilité – car à part rendre le gosse, aucune échappatoire ne vous était possible, de toutes façons. Vous avez donc innocemment continué à attendre votre enfant, à coups de peinture sur les murs de la nurserie et d’achats de vêtements dont la petitesse vous émerveillait.

Et puis voilà… bébé est arrivé, il s’est installé, et depuis son premier jour, tout a changé !

Vous n’auriez jamais pensé que vous auriez envie de dormir à 20h

Pour vous, avant, les personnes qui se couchaient tôt avaient moins de 12 ans ou alors plus de 70.  Votre soirée, c’était votre deuxième journée après le boulot, un moment de fun et de détente pendant lequel vous profitiez en couple/entre amis/à l’extérieur. Une fois les enfants arrivés, votre niveau d’énergie ne vous permet plus de rester éveillé assez longtemps pour lire plus d’une page de votre bouquin chaque soir. Résultat : il vous a fallu 6 mois pour terminer Fifty Shades of Grey.

Vos sujets de conversation sont en pleine régression

Dès sa naissance, votre enfant devient le centre de votre vie – c’est-à-dire, le centre galactique de tout l’univers. Son arrivée change vos habitudes, votre sommeil, votre déco, et même votre mode de pensée. Vous vous imaginez même qu’il intéresse LES AUTRES, qui font semblant de s’extasier sur les photos de votre môme en train de faire du toboggan au parc. Vous ne parlez plus que de lui, de ses progrès (il marche !), de ses problèmes (il est tombé !). Et comme une vie d’enfant, c’est passionnant, mais relativement basique, votre conversation devient un peu… terre-à-terre…

 

Votre régime alimentaire s’est simplifié et tire sur le jaune (jaune patate, pour être précise)

Finis les petits plats exotiques, vous devez maintenant vous adapter au palais de vos petits anges. Vous avez bien essayé de leur faire goûter de nouvelles saveurs, mais il semble que vers leurs 2 ans, cela soit devenu compliqué, voire impossible. Alors, pour vous simplifier la vie et vous éviter des crises familiales mémorables faites d’assiettes en plastique renversées et de colères mémorables, vous avez opté pour le régime riz-pomme de terre-pâtes. Mais bon, comme le disait le sorcier Dumbledore : « Le chemin le plus facile n’est pas forcément le bon chemin. » Il n’est pas sûr que cette stratégie paie sur le long terme, mais pour l’instant, vous faites ce que vous pouvez : survivre aux repas.

Vous ne savez pas si courir après vos enfants fait de vous une personne physiquement active…

Est-ce que porter des kilos de sacs remplis de couches et de biberons compte pour de la musculation ? Se lever 20 fois d’affilée de sa chaise pour faire le service à table, pour une séance de Pilates ? Vous l’espérez secrètement, parce qu’à part ça, vous n’avez plus tellement le temps de vous consacrer à vos activités sportives préférées. Et comme vous êtes au régime riz-pomme de terre-pâtes… votre balance vous crie des messages que vous ne voulez pas entendre.

Vous avez constaté que faire l’amour, c’est devenu plus rare qu’une éclipse solaire

Intimité rime avec spontanéité. Mais ne rime bizarrement pas avec parentalité. C’est normal : vous n’avez plus une minute à vous, vos enfants sont devenus votre priorité, vous devez assurer dans tous les domaines, sur tous les fronts, en permanence ! Trouver un peu de temps pour vous est déjà un challenge, alors ne parlons pas de passer du temps en couple…

Malgré tout cela, la vie de famille semble valoir la peine d’être vécue. La preuve : les gens qui ont un enfant souvent récidivent – alors que, la deuxième fois, ils ne peuvent pas dire qu’ils n’étaient pas prévenus. Et la seconde phrase la plus entendue par les jeunes parents est : « Profitez-en, ça ne dure pas ! »

Alors, malgré les nuits interrompues, les repas catastrophiques, la fatigue, les désaccords parentaux, le bazar quotidien, oui, on en profite, avant l’après qui viendra nous rappeler qu’on n’en a jamais assez profité.

 

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